Quand les étiquettes de vin échappent aux applications : comprendre pour mieux choisir

27 avril 2025

1. Une base de données limitée (et partiellement remplie)

Tout commence ici : les applications de reconnaissance de vin reposent sur une base de données. Plus la base est grande, plus les chances de retrouver “votre” bouteille sont élevées. Mais il y a un hic. Ces bases de données ne sont jamais totalement exhaustives.

Par exemple, une application populaire comme Vivino compte officiellement plus de 15 millions de vins référencés (source). Impressionnant ? Certes. Mais, selon l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), il existe des millions de références différentes de vins à travers le globe, produites par plus de 250 000 domaines. Avec une telle diversité, même la meilleure application au monde ne peut pas tout intégrer.

Autre détail croustillant : la qualité des informations dans la base de données dépend parfois directement des utilisateurs. Certaines applis, comme Vivino ou Wine-Searcher, fonctionnent en partie avec des fiches soumises par les amateurs eux-mêmes. Traduction ? Si personne n’a encore scanné ou renseigné un vin spécifique dans la base, vous avez toutes les chances d’obtenir un message d’erreur. Oui, vos bouteilles aux étiquettes exotiques trouvées chez un petit producteur local risquent bien de passer à la trappe.

2. Une reconnaissance visuelle pas toujours infaillible

Le cœur de la reconnaissance d’étiquette, c’est la vision par ordinateur, un domaine complexe de l’intelligence artificielle. En d’autres termes, l’application “apprend” à associer une photo d’étiquette à un vin référencé dans sa base grâce à des algorithmes capables d’analyser les formes, les couleurs, les textes, etc.

Mais voilà… les étiquettes de vin, c’est tout sauf standardisé. Entre les polices manuscrites, les variations de couleur et les designs ultra-créatifs, l’algorithme peut facilement perdre ses repères. Et je ne vous parle même pas des réflexions lumineuses sur une bouteille brillante ou des photos un peu floues prises à la hâte en cave.

Il y a également une limite technique : beaucoup d’applications travaillent avec un algorithme basé sur des modèles préexistants. Si l’étiquette que vous scannez présente des subtilités graphiques ou textuelles propres à un micro-producteur, l’intelligence artificielle peut simplement ne pas avoir le vocabulaire visuel nécessaire pour reconnaître la bouteille. Et voilà pourquoi l’innovation technologique doit encore rattraper un verre ou deux…

3. Les producteurs eux-mêmes jouent parfois un rôle

Ah, les mystères du vin… et des producteurs ! Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que toutes les bouteilles ne figurent pas spontanément sur les applications. Certaines plateformes comme Wine-Searcher ou CellarTracker nécessitent que les domaines envoient eux-mêmes leurs informations techniques pour alimenter les bases de données. Pourtant, tout le monde dans le monde viticole n’est pas chaud à cette idée.

Certains producteurs, notamment les artisans et petits domaines, hésitent à collaborer avec ces plateformes. Pourquoi ? D’une part, parce qu’ils préfèrent investir leur temps ailleurs : allez demander à un vigneron bourguignon, en pleine période de vendanges, s’il a le temps de lire vos mails pour remplir un formulaire. D’autre part, parce qu’ils pourraient ne pas voir d’intérêt commercial à apparaître sur ce type d’application, surtout s’ils vendent déjà toute leur production en direct. Résultat : bouteille introuvable.

Et si on monte d’un cran, certaines grandes maisons choisissent délibérément de ne pas autoriser ou de réduire la diffusion de leurs vins sur certaines applications. Question de contrôle d’image, politique ou simplement stratégie marketing.

4. Un vin… mais plusieurs étiquettes

Saviez-vous qu’un même vin peut être commercialisé avec plusieurs étiquettes différentes ? C’est assez courant pour des raisons logistiques, légales ou esthétiques. Une maison peut ainsi créer une étiquette différente selon qu’elle exporte son vin en Asie, aux États-Unis ou en Europe. Cela complique énormément la tâche des applications qui doivent rattacher ces diverses versions à une seule et même référence.

Un bon exemple : si vous scannez un cru espagnol dédié spécifiquement au marché américain, mais que l’application ne dispose pas d’un visuel correspondant à cette version, elle risque tout simplement de ne pas l’afficher — ou, pire, de vous orienter vers un autre vin du même producteur, mais d’une année ou d’une gamme totalement différente.

5. Les limites des applications elles-mêmes

Enfin, toutes les applications ne se valent pas. Certaines se concentrent exclusivement sur la reconnaissance visuelle (comme Vivino), tandis que d'autres investissent davantage dans l’analyse textuelle ou dans des partenariats pour obtenir des données fiables (comme Delectable). Résultat : en fonction de l’application que vous utilisez, votre expérience peut varier du tout au tout.

Certaines applis gratuites ont aussi des bases de données bien moins fournies que leurs versions payantes ou leurs concurrents premium. Si votre bouteille est introuvable, cela peut tout simplement venir du manque d’investissement dans les infrastructures. Les bons outils ont un coût et, parfois, il faut accepter de payer un petit abonnement pour accéder à des services plus complets.

Comment éviter les frustrations ?

À ce stade, vous vous demandez peut-être s’il est possible de contourner ces limites. Bonne nouvelle : oui, en partie. Voici mes conseils :

  • Utilisez plusieurs applications en complément. Si une app ne reconnaît pas une étiquette, tentez votre chance avec une autre.
  • Prenez vos photos dans des conditions optimales : bonne luminosité, étiquette bien cadrée, pas de reflet.
  • Recherchez en ligne avec d’autres informations : le nom exact du domaine ou une mention visible sur la capsule peut suffire pour tomber sur la fiche technique.
  • Développez votre propre petite base de données. Si vous collectionnez beaucoup de vins, notez-les quelque part. Une recherche manuelle reste souvent efficace.
  • Enfin, armez-vous de patience : non, ce n’est pas encore un monde parfait, mais chaque année, ces applis progressent et deviennent plus fiables.

Les limites actuelles, l’innovation de demain

En somme, l’absence de reconnaissance d’une étiquette ne devrait pas vous décourager. Cela reflète avant tout les challenges qui se posent aux applications mobiles dans un secteur aussi riche et varié que le vin. Et même si la tech n’est pas infaillible, elle reste une formidable alliée pour découvrir, apprendre et partager autour du vin… sans se prendre trop au sérieux.

Alors, restez curieux, continuez d’explorer et n’hésitez pas à partager vos anecdotes. Et qui sait : dans quelques années, grâce aux prochaines avancées en intelligence artificielle, aucun vin ne passera plus inaperçu. Santé !

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